Je n'ai toujours pas trouvé la bonne personne. Depuis le covid qui a fait ressortir le pire côté des gens, les rencontres se font rares. Les gens sortent moins, d'après ce qu'on me dit et les gens se rencontrent surtout en ligne. Sauf que ça ne m'intéresse pas du tout. Discuter durant des jours avec quelqu'un qui te harcèles pour avoir une photographie (dont il va faire quoi ensuite??) et qui va tourner autour du pot pour refuser la rencontre. Ou via des amis d'amis mais mes amis sont en majorité des filles célibataires donc ça limite. Il y a bien OVS, j'y vais de temps en temps, je m'y suis fait quelques relations mais dans mon coin, les gens sont froids et il est dur d'entretenir une relation durable. Là où quand on parle de se voir, je dis "attends, je sors mon agenda et je te donnes plusieurs dates où je suis libre"; eux, ils disent "on se redit" et ne le font pas donc ça traîne. C'est une véritable apprentissage que de se rendre compte de ça et de défaire ce mécanisme pour avoir le réflexe de penser que si on ne fait pas quelque chose de suite, ce qui ne sera pas long, on ne le fera que quand on y repensera dans quelques...semaines.
Le gros hic, ce sont mes valeurs qui sont d'un autre temps. Je me fiche de l'argent, c'est un moyen de réaliser des rêves et pas du tout un but dans la vie. Ma réussite personnelle ne se résume pas à ma réussite professionnelle. Oui, c'est hallucinant que quand on rencontre quelqu'un, il ne parle que de son travail! A croire que la majorité des gens n'a pas de vie en dehors de son boulot! Ou ne l'assume pas. Moi, ma vie, elle commence avant d'aller au travail et elle reprend après; désolée. Mes week-end sont vécus comme si c'était des semaines entières et mes vacances sont des moments de respiration nécessaires de manière régulières. Donc j'en prends des petites régulièrement. Je prône l'ouverture, la gentillesse et la tolérance mais je suis un peu une exception dans ce monde individualiste.
Je me suis fait des amis ces dernières années, on se voit régulièrement, c'est cool. Ca c'est fait naturellement mais il a fallu les revoir plusieurs fois pour que la relation se noue. Je ne comprends pas, une personne me semble intéressante, je donne spontanément mon numéro. Je fais l'effort de faire le premier pas et la plus dure partie du travail, c'est à l'autre de faire le 2e pas qui est bien plus facile. Parce qu'il y a plein de gens intéressants, cools et tout ce qu'on veut qu'on ne croisera qu'UNE SEULE ET UNIQUE FOIS. Croiser quelqu'un et entrer en contact avec cette personne, statistiquement, ça reste un miracle. J'exagère mais comme tout le monde est pressé, que personne ne fait l'effort d'aller vers l'autre (sauf les personnes âgées, elles parlent facilement, je pense que c'est culturel, notre société est de plus en plus individualiste donc on ne s'occupe pas des autres, on les "ignore"), c'est compliqué.
J'ai lu un article il y a quelques mois qui expliquait que les enfants d'aujourd'hui ont plus facilement des fractures qu'à notre époque. On n'avait pas internet, pas Netflix. Il y avait les livres, les jeux de société, les Barbie, les lego, la télé si on avait le droit et c'est tout. Donc à un moment, on tournait en rond et fatalement, on finissait par aller jouer dehors et sonner à la porte des voisins pour retrouver les copains. Et comme ils bougent moins, leur masse musculaire est moindre et leurs os sont moins solides.
Pareil, ça ne se fait plus d'inviter les voisins à prendre l'apéritif de temps en temps. Je le ferais bien de temps en temps mais déjà que dire "bonjour" arrache la bouche de la plupart d'entre eux... Je vois un de mes voisins régulièrement, on prend l'apéro, on mange ensemble, on va au kebab du coin, on commande des trucs à emporter, on s'entraide, il garde mes animaux si je pars en we et inversement mais bon... A côté de ça, mes parents invitent de temps en temps leurs voisins à l'apéro et vice versa. C'est juste normal vu qu'on vit à côté les uns des autres.
J'en ai beaucoup parlé avec les célibataires que j'ai rencontré ici et là et ce qu'il en ressort, c'est que le covid a complétement cassé leur élan. Et ils se sont habitués à être seuls, ne veulent plus souffrir pour rien parce que pendant deux ans, on ne leur a pas laissé le choix donc ils se sont habitués. Je comprends, je l'ai vécu par le passé.
J'ai réussi à travailler sur moi-même et me remplir suffisamment pour que si je perds quelqu'un dans ma vie aujourd'hui (ami, copain, copain de sortie), ce sera douloureux mais tant pis, la vie continue.
Mes passions diverses et variées me prennent beaucoup de temps mais elles assurent mon équilibre. Mon planning peut sembler militaire mais il me permet de tout faire, que ce soit mes passions ou faire avancer mes projets lentement mais sûrement. Voir que ça avance m'a donné énormément confiance en moi et m'aide à relativiser les échecs, ça me dégage du temps pour autre chose ou d'autres projets. On peut faire énormément de choses en 20 minutes si on a un peu planifié la séance. Hormis voyager car ça coûte cher (mais j'ai commencé il y a deux ans maintenant), j'ai réalisé tous mes rêves de jeunesse. Bien sûr, beaucoup sont en cours et ne finiront qu'à ma mort mais hormis trouver le prince charmant, je n'ai plus cette pression du temps qui file ou l'impression de ne pas avancer.
Clairement, adopter des animaux m'a fait énormément de bien. J'ai une relation merveilleuse avec mes lapins, ils sont là quand ça ne va pas. Ils ne parlent pas mais on se comprend quand même. Je peux me montrer dure avec eux sous le coup de la fatigue puis me faire pardonner par une séance de câlins ou une session de jeu et ils passent à autre chose. Ils n'oublient pas mais c'est comme s'ils pardonnaient les incidents de parcours. Je sais que si je me montrais dure souvent, ils ne me le pardonneraient pas. Mais ils comprennent instinctivement que ponctuellement, si je ne vais pas bien, je peux les "rejeter" puis revenir vers eux pour leur demander pardon quand c'est passé. Je crois qu'il faut être un peu pareil avec les gens, se montrer compréhensif et pardonner les moments de faiblesse jusqu'à un certain point, bien sûr. Je les accepte comme ils sont et inversement. Mon petit mâle est un gros pot de colle super câlin, ma grosse lapinette est indépendante, la plus grosse marque d'affection qu'elle me montre est de sauter sur le canapé ou sur mon dos pour me pousser brièvement avec le bout du museau et retourner faire sa vie. "Ravie de t'avoir vue!".
Eux-même ont des caractères opposés. Mon lapin est calme, câlin, pot de colle, il me fait souvent des bisous, me lèche tandis que ma lapine est indépendante, elle grogne souvent si elle n'est pas contente, elle pince si j'insiste trop, elle tolère les caresses mais pas trop longtemps et si elle demande de l'attention, c'est en mode "eh, pour rappel, je suis là! Salut!" alors que mon lapin peut rester très longtemps à côté de moi (oui, un lapin qui s'installe à moins d'un mètre est un signe d'affection de sa part). Pourtant, ils s'acceptent mutuellement comme ils sont, ils sont tout le temps fourrés ensemble.
De même, je suis une humaine de compagnie plutôt cool. En gros, ils ont le droit de faire tout ce qu'ils veulent SAUF ce qui est interdit. Ils savent très bien ce qui n'est pas autorisé. D'ailleurs, ils vivent en liberté totale et ça se passe très bien. Il y a des bêtises de temps en temps, se faufiler dans la cuisine et sauter dans le frigo ouvert dès fois qu'il arrive à trouver un truc à manger reste un défi quotidien pour mon mâle qui est un ventre sur pattes mais ça va.
Ca ne s'est pas fait en un jour, je me suis énormément renseignée, j'ai acheté des tas de livres, questionné le véto NAC évidemment et surtout, j'ai pris le temps de les observer. Je n'ai pas eu peur, je n'ai pas réfléchi,j'ai fait, c'est tout.
De même, je viens de changer de métier. Évidemment, le soutien familial, on oublie. Le soutien de Paul Chaumage, on oublie aussi. J'ai dû financer ma formation moi-même car j'ai des diplômes donc je me suis débrouillée avec mon CPF. Je ne me suis pas posé de questions. J'ai étudié la question avec soin durant des mois et quand ma décision a été prise, j'ai fait ce que je devais faire, c'est tout. Je viens de créer mon entreprise, je l'ai créée, c'est tout, je me suis renseignée, j'ai pris des décisions et j'ai fait ce que je devais faire. Je crois que ce qui m'a aidé, ce sont mes anciennes collègues de travail, on se voit peu car on a du mal à coordonner nos emplois du temps mais elles sont comme moi. Elles sont optimistes. "Tu as un projet? C'est trop cool! Vas-y fonce! Au pire, si tu te plantes, tu auras appris quelque chose!".
Oui, c'est ça, la vie. Avancer; si on se trompe, en tirer le meilleur et continuer à avancer. Mais pour ça, il faut des piliers solides pour avoir quelque chose à quoi se raccrocher quand tout s'écroule.