lundi 15 août 2011

De l'art d'éconduire

Jonquilles jaunes: espoir, attente
  Econduire un jeune homme un peu trop pressant demande tact et mesure, qui nous manquent parfois s'ils semblent ne pas comprendre le message, en cas de fatigue ou de problèmes extérieurs...

  Depuis que j'habite aux abords d'un quartier dit "populaire" (un quartier peut-il être autre chose que populaire?? Vu que le peuple y vit, travaille, fait ses courses, se socialise...?), je me fais régulièrement aborder par des jeunes (ou moins jeunes) hommes qui me suivent un bout de chemin, je les appelle les "suiveurs" ... Je n'ai pas de préjugés donc ma foi, s'ils sont sympathiques, je les reverrais avec plaisir sur un plan purement amical, voire plus...
Malheureusement, ils se montrent rapidement "limités dans leur conversation", la sympathie ne naît pas spontanément dirons-nous! Ils commencent alors à devenir trop entreprenants, insistants, "lourds" pour parler un langage plus familier.
  La proposition est souvent directe: "Tu ne veux pas qu'on aille dans un coin tranquille?" pour faire quoi me direz-vous? Pique-niquer? J'ai tout ce qu'il faut dans mon panier de Petit Chaperon Rouge. Prendre un café? Il n'y en a pas dans mon quartier, il faut s'éloigner.
Parfois, si le garçon m'énerve, je pose la question d'un air dubitatif, comme si j'étais une "oie blanche"... "Pourquoi faire?", l'air de dire "On se connaît?". Rien de tel pour le mettre mal à l'aise et l'inciter à déguerpir, ce qu'il ne fait pas toujours!
Il élude alors la question, "faire connaissance, tu vois bien quoi!"; en réponse, un laconique "Je suis pressée ou en retard, mariée, mon copain (imaginaire) m'attend!", suivie d'une retraite au pas de course clôt la conversation...

  Mais, il y a la catégorie des "suiveurs", qui vous suivent jusqu'au pas de votre porte (que je déplace d'une ou deux rues, sait-on jamais!), m'amenant à un ferme "Tu ne m'intéresses pas, donc maintenant tu me laisses tranquille!". Dix minutes qu'il me suit, que je feins de l'ignorer, de guerre lasse et il n'a pas compris le message!

  Les "collants" leur sont apparentés, vous savez les garçons qui se rapprochent petit à petit de votre chaise et se penchent sur le côté comme pour mieux entendre la conversation, jusqu'à sentir leur souffle chaud sur notre peau à chacune de ses expirations. Sauf qu'après avoir décalé ma chaise, l'avoir repoussé du coude (parfois en le regardant droit dans les yeux), posé mon foulard entre nous comme par inadvertance, j'ai une fâcheuse tendance à m'énerver ce qui amène un laconique (sur un ton parfois un peu sec) mais discret, "Est-ce que tu pourrais te décaler un peu?" avec un sourire pour faire passer le refus.

  Les "faux vulnérables" sont les pires, à mon sens!
  J'ai régulièrement droit à des "Ah, ouais... En fait, tu es raciste! C'est parce que je suis "Arabe", "noir"..." (termes que j'abhorre et réponse si facile!).
 S'ils savaient que j'ai des amis de tous bords et que je vois les différences comme une chance; malgré que je sois intransigeante sur les Droits de l'Homme, l'égalité des sexes et le respect de l'intégrité physique s'il n'est pas choisi librement; outre les extrêmismes religieux de tous bords). C'est le genre d'individu qui ne se remettra jamais en cause car persuadé d'être victime de discriminations (qu'il vit peut-être au quotidien mais est-ce une raison pour généraliser??); combien de fois leur ai-je rétorqué qu'ils étaient juste "lourds" et que "quand une fille dit "non", c'est "non; alors arrête de me suivre"!
Le genre de personnes qui rejette la faute sur les autres et ne se remettra jamais en cause; est-il trop dur pour eux de regarder la vérité en face et d'assumer leur façon d'être??

  Les "blessés de la vie", c'est tout un programme! En général, ils commencent par se dévaloriser sans même s'en rendre compte dès l'introduction (je le leur fais remarquer en général et... "Ah, ouais; t'as raison!"; les "je sais que je ne suis pas très beau, intelligent, doué pour draguer les filles, [liste non exhaustive]; mais voilà, je voulais savoir..."). Je trouve important de les rassurer "Pourquoi t'en voudrais-je?? Tu as tenté ta chance, c'est tout!", car ils demandent systématiquement ou presque si on leur en veut... De quoi? Surtout qu'ils sont majoritairement bien élevés et n'insistent pas lourdement, qualité rare.
La réponse est souvent négative parce qu'on les classe dans la catégorie "Bon copain potentiel"; on a passé la soirée à discuter de tout et de rien, se raconter nos vies, délirer, rigoler sans passer par la panoplie du jeu de la séduction (regards qui se cherchent ou cherchent à deviner ce que cachent ou dévoilent partiellement les vêtements, mains ou pieds sous la table qui se perdent, allusions voilées...). Nos regards se tournent comme naturellement vers une "proie" plus attirante car clairement dans le jeu de séduction, si l'on est soi-même en phase de recherche ou en veille!